mardi, février 28, 2006



mon fantôme sera un pitre



pétards et confettis
feux d’artifices
gens revêtus de tenues gaies
-souliers d’satin –
gros yeux lubriques
gros seins magiques
posés

ma mort fouraille
ses bibelots
à deux péquenauds
endimanchés
qui ont peur d’elle

deux belles danseuses
-trois balles qui volent-
de vieilles dames
très métalliques
attirent vers elles
de beaux
aimants

les pieds en l’air
très haut devant
la bouche ouverte
les yeux brillants
une charentaise à mon pied
droit et la guêpière
en évidence
je danse

-très beau-
des paillettes dans les cheveux
un nez rouge sur le front
un verre de vin
à la main
ou dans le sein
qui sait ? je danse

un clopinette
en tous les couettes
et qui dansera à la
saint-guy
avec des morts
réjouis
d’être ici
avec moui

dimanche, février 26, 2006


à nos prochains autels : cumulus et nimbus


lorsque mon âme mise en bière
ira se reposer
sur le bord d’un nuage
que mon décharné
aura deux pieds sans rime
et deux vers dans le nez
j’enverrais à vos anges
comme un dernier message
le mirage d’un sourire

samedi, février 25, 2006


Ultim’act’ : the mot of the end !

scène fatale : je savais bien que cette histoire finirait mal …

mon beau voyage, si près de la fin



est-ce à moi de mourir ?

je voyageais en toi
plein de rêves de voiliers et de lait de coco
les îles étaient des astres les rives des nuages
les avenirs marins promettaient des enfants

est-ce à moi de mourir ?

je traversais de toi
les écluses pleines d’algues et de douce lumière
les larmes faisaient des flots décuplés par nos rires
les avenirs marins nous caressaient la peau

c’est à moi de mourir

vendredi, février 24, 2006


si mon corps ne se trempe
des odeurs d’autres peaux
si mon cuir ne transpire
au soleil des afriques
si mes mains ne soulèvent
des centaines de mots
si mes rêves ne se tordent
de la moindre amérique

je veux crever
demain matin

mercredi, février 22, 2006


ces êtres qui nous naissent

mis en flots fécondés par des génies anciens
nous quittons notre enfance
ses lunes et ses voiles
pour d’étranges défaites

et nos jours s’amoncèlent

pris en flots baignés par des génies modernes
nous suivons l’existence
vers un silence d’astres
de sombres espérances

et nos vies s’amoncèlent

mardi, février 21, 2006



Scène 2 : garçon, l’addition ; s’il vous plait !


puisqu’un soir, coquin de sort
la vie se prendra pour la mort ;
il me faudra partir

des étoiles plein les yeux
des larmes plein le ventre

mes soleils mes enfances
s’allongeront sous l’herbe
aux cotés de ma chair

mais ce soir-là coquin de sort
je trinquerais encore
un ver dans chaque main

lundi, février 20, 2006



comptine que les truands chantent aux clochemerles



avant que la mort ne se rit de nous
ami lecteur amusons-nous

de teintes roses colorons-nous
peignons de verves nos cochonoux

d’un ciel d’étoiles habillons-nous
de mappemondes couvrons-nous

de vers de strass et puis de roux
pour que la vie rit après nous

amant lecteur amourons-nous
pour que la mort s’effraie de nous

et plisse à terre ses genoux
nous qui aimons les rimes en ou

samedi, février 18, 2006


Vient the horrible date, le jour où tout s’arrête

de ce regard
tic-tac
qui m’a ravi
un jour
tu as fais
une plaie
au coin de mon œil
-je vais mourir-
et toi avec
car l’horloge
est là
au creux de nos rides
sur nos tempes qui sonnent
chaque matin de tous les jours
s’enlève là sur la falaise
nous poussent un peu plus loin
vers the horrible date
et nos deux corps avec l’horloge
toujours là sur le mur
tintinne à nos oreilles
que les aiguilles nous poussent
vers le bord des falaises
vers the ultimate date
le jour où
tout s’arrête
de poisson lunaire

vendredi, février 17, 2006



juré craché sous ma tombe


au jour premier de nos extrances
nous promettons aux cimetières
de leur faire cette offense
d’une égoïste absence
« le temps, cet hideux chronomètre
ne nous atteindra pas »
(croit-on)

mais les dimanches d’ennuyance,
nous entrons en ces sommeils
où vont mourir nos rêves
nos désirs de puissance

« l’ennui, cet autre épouvantail
nous dénude parfois »
(voit-on)

au soir venu de nos silences

las,
décide le temps
abstraction assassine.

mercredi, février 15, 2006


me voilà neuf

s’éveille avec lenteur, la langue moite en son palais – ma compagne
alanguie sur le flanc droit
de son corps large et souple
elle se caresse un sein
et porte sa main droite
vers une cigarette

alors, elle constate avec stupeur,
juste derrière la vitre
que b^t un suaire
et la mort qui va avec
qui l’appelle de se vœux

et me voilà ravi
de la voir s’installer
sur des os décharnés

mardi, février 14, 2006


le train qui nous fuit file au creux de la nuit

la vie s’échappe
elle ne sait d’où
un peu jolie
un peu brisée

qui se lève
et nous quitte
un peu déçue
de nous

la vie s’échappe
on ne sait d’où
de nous un peu
sans être aimé

qui s’élève et s’exit
un peu trop vite
de tout de nous
à tout jamais

lundi, février 13, 2006


c’était quelqu’un, bonnes funérailles

née au début du siècle,
elle vit elle épouse elle féconde
des enfants et des morts qui la regardent vivre
à son quai arrimée
elle voit passer des guerres et des gens

la mer est toujours là,
elle observe les vagues et son mari mourir
elle vit

elle entre dans la cage – celle de la fausse mort
où l’attendent les fous –
elle agite son corps
qu’elle ne reconnaît plus
le jette contre un mur
se perd en des écumes

lasse amaigrie et folle
elle arrive à mourir
comme une vieille vague

on disait d’elle
« c’était quelqu’un… »
sans importance

dimanche, février 12, 2006


Acte III : ultime mov’ment !

con vivo



scène 1 : dessert, café et pousse-café

comme le font les vieux immeubles


lézardés immobiles, ils observent leurs fissures
les fenêtres murées les longs couloirs les âmes
d’anciens locataires

dans chaque appartement’ la cuisine rangée
-un verre sur une table –
la chambre – un oreiller
écoute un drap
plisser

la salle, papa maman mangeaient
aujourd’hui est vidée silencieuse immobile – elle garde le secret

qui du balcon au vide
m’a déversé
sur le trottoir
faux locataire

samedi, février 11, 2006



ses lolos, fô pas les dire


fô les écrire,
c’est rigolo


nuage

apaisant de

tendresse

hasardeusement posé


en mon
lit d’ivresse


je te remercie

vendredi, février 10, 2006



quel jour un corps nous fait-il naître


je ne sais où je commence
si dans le ventre de ma mère
ou dans la chair que tu m’offrais

je ne sais où je commence
si par le sexe de mon père
ou par celui que je t’offrais

je ne sais si mes entrailles
sont le jour l’heure ou la semaine
où mes parents m’ont fécondé

je ne sais si mes entrailles
sont le jour l’heure ou la semaine
où nos deux draps se sont froissés

ce que je sais est dans un pré
où l’on s’est dit que tout commence
où père à mère a mis semence

jeudi, février 09, 2006



l’ange et l’angesse, leur horizon


lui : tu dors
elle : je regarde

la lune qui nous observe

lui : tu rêves
elle : de couleurs et d’ombres

d’autres lunes – là, par hasard

lui : tu crois
elle : ne dors pas

la lune nous observe

mercredi, février 08, 2006


y a pas de doute

car c’est la femme créée
la moitié de ton drame
qui n’appartient qu’à toi
venue pour te bercer
sur des vagues charnelles

et ton âme sur la dame
s’applique de ses charmes
de ses corps déployés
de ses muscles
heureux
de voir se déployer
leurs armes
dans la dame

rêvent rêvent à te bercer
les amoureux instants
virevoltant
le long des nuits
des lunes
aux ocres sirupeux

mardi, février 07, 2006



la mi-autresse


car de la femme idéale
tu n’atteindras jamais
d’ailes qu’une idée
le reflet
lointain
d’envols à te bercer
de femmes créées
par d’illusoires pensées
être inventé
aux deux ailes coupées
ange a jamais fermé

lundi, février 06, 2006


la jongleuse

autrefois, sous les étincelle du spectacle
d’un cirque elle brandissait de ses longs bras, trois quilles
des anneaux d’or dont elle jouait avec brio

ses amants caressaient des cheveux roux glissant
le long fauteuil beige où elle buvait l’ivresse
d’une langue lascive qui plaisait à leurs corps

aujourd’hui, chacun se souvient d’elle, du plaisir
de ses traces – aucun ne voit les cernes sous les yeux
les varices sur la peau, les fauteuils au cuir noirci

ils viennent encore la voir lorsque le temps permet
à leurs vieux corps de boire un thé se souvenir
sur des fauteuils de cuir les beaux après-midi

elle jongle alors avec brio de ses charmes
d’antan de ses longs cheveux roux deux yeux d’or
qui jaillissent toujours en étoiles électriques

dimanche, février 05, 2006



au purgatoire du nouveau monde


entre au port de new-york un cargo long, rempli de quoi ?
d’armes et d’alcool ?

le pont verazzano brille t’il toujours de ses feux d’or ?
des fièvres de l’exil ?

s’ancre au quai de Stamford un paquebot, peuplé de qui ?
d’indiens, de nègres ?

la statue de la liberté
se fout de ces questions

elle cache sous sa robe
un totem sodomite
qui lui fait grand plaisir

et c’est ainsi
que vont
les choses
et les gens
en ce monde
de choses

vendredi, février 03, 2006



scène 2 : gens que mes yeux ont vus

le déshérité



il a un pull de vieilles groles
qui servent à errer
sa chausse est bien usée
il est de pauvre mine
il aime les forêts
et les esprits qui ombrent
les âmes fatiguées
les lunes aux ailes
intérieures
qui volent

la mère dans son logis regarde à la fenêtre
qu’il soit de pauvre mine
qu’il est l’air affamé

elle l’aime

si ce n’est un poète, son esprit vagabonde
et il la fait rêver

jeudi, février 02, 2006




des larmes sont là qui me noient volontiers



aux forêts d’espérance un jour j’irai chercher
la tendresse d’une belle

si la lune rieuse

en son bois d’attirance vient à me faire entendre
sous la chair de son âme

le cœur de la forêt

l’amoureuse me dira que les larmes sur moi
sont de si jolis fards

qu’il est beau de se perdre

en ces lacs d’ennivrance où l’on vient pour songer
à l’amour d’une femme

au creux de sa forêt

mercredi, février 01, 2006



l’assassin de rêves

dans l’ombre d’un tableau, un homme – vêtu de blanc, un chapeau – dort : ses fantômes volutent, sortes d’anges tressés autour du corps mollusques (un peu comme ces chants que les arabes chantent)

à travers les nuages, un soleil se dilue en des lumières humides – le gris paillette des jours d’orage – mouillant le ciel et la rivière qui s’embrasent (comme au jour de saint-jean, quand le feu d’artifice éclaire nos yeux d’enfant de nuits éblouissantes)

un assassin de blanc, chapeau sur le visage : les deux jambes en avant, ses rêves s’évaporent,sortes de proies instables qu’il course au fond de lui (comme le font souvent nos souvenirs méchants)

et son rêve se teinte de la couleur fuschia du sang de ses victimes


ô matisse