mardi, janvier 31, 2006



« l’adieu »

imposé : j’ai cueilli ce brin de bruyère
l’automne est morte souviens-t’en
nous ne nous verrons plus sur terre
odeur du temps brin de bruyère
et souviens-toi que j’attends


inversé : et souviens-toi que j’attends
odeur du temps brin de bruyère
nous ne nous verrons plus sur terre
l’automne est morte souviens-t’en
j’ai cueilli ce brin de bruyère

libéré : et ne vois pas que je t’attends
sourires enfuis odeurs d’éther
nous ne sera que cet hiver
l’envie s’est fanée au printemps
j’ai perdu le goût de ta chair

lundi, janvier 30, 2006



du nez de ronsar’ et de celui de baudelair’
je ne sais comment j’ai tiré
ces quelques vers


mignonne amie – envie de sœur
obsèques issues de céphalées

mes sens excités par vos longs silences, par ce sentiment qui suscite en moi de tristes ivresses, vous réclame fort

oui, songe « songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble »

mignonne ennui – envie d’amour
jardin gelé endeuillé

mes sens excités par vos longues absences, ce désarroi provoque de si lentes souffrances, vous déteste fort

« comme on voit sur la branche au mois de mai la rose » née-close

dimanche, janvier 29, 2006



« rêves parisiens »


« de ce terrible paysage,
que jamais l’œil ne vit,
ce matin encore l’image
vague et lointaine me ravit.


Le matin est plein de miracle »

Pris dans un songe singulier
Je m’adonnais au spectacle
D’un château tel un voilier.
Voguant au gré de mes envies

je savourai en ce tableau
les délivrances de l’esprit
un lac des lunes dans l’eau.
Monstre de pierres et de vitres

il s’étalai à l’inouï
cherchant le vent de ses fenêtres
tel un rameur qui bat la nuit.
De noires et fières statues grimpantes

dignes de songes en cristal
émergeaient éclaboussantes
en pluies – rivières astrales.
Diaphanes, des porcelaines

aux contreforts attachées
laissaient fuir d’évapores délices
des fuites en vin de chant mêlé.
Des ronds aux flots de cerclaient larges

autour d’oiseaux gris blanc et verts
berçant de chants ce rêve étrange
ce vague tréfonds antérieur :
le sang ancien des poésies

« en rouvrant mes yeux plein de flamme
j’ai vu l’horreur de mon taudis
et le ciel versait des ténèbres
sur ce triste monde engourdi »

samedi, janvier 28, 2006



« paysage »


« …

dans un hamac bercé de fièvres hivernales
il est doux, à travers les brumes, de voir naître »

l’étoile dans l’azur, la lampe à la fenêtre
alanguies et charnelles, rêveuses tropicales

des jardins, des jets d’eau pleurant dans les albâtres
sous un ciel sans accrocs dénué de rivage

« alors je rêverai des horizons bleuâtres
las de mes enveloppes plein de rêves et de calme

en ce corps exilés de ses rages d’alors
car je serai plongé en cette volupté »

d’évoquer le printemps avec ma volonté
l’esprit mis à l’envers est mon nouveau décor

...

vendredi, janvier 27, 2006


« les bijoux »

elle était donc couchée et se laissait aimer
de mes caresses au clair des lunes de septembre
En cet amour profond et douce comme une mère
elle se plongeait lascive aspirée par le Tendre

et sa chaleur unie à ma lubricité
embrasait nos élans en cette nuit d’octobre
Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté
à demi-lune offerte Elle pénétra mon marbre

de son bras de ses jambes de ses cuisses et son sein
qui effleurant le mien s’effaçait en novembre
Passaient devant nos yeux clairvoyants et sereins
les ombres de l’adieu Les fêtes de décembre

jeudi, janvier 26, 2006




« marizibill »




« dans la haute rue à cologne »
elle attendait que l’on remplisse
d’argent liquide son tiroir cuisse
car détenait ce lait opale
que les enfants avortiphères avalent
« c’était un juif, il sentait l’ail »
au bain de ses grasses ovaires
noctambule réjouit
il déposait ce jus opaque
que les marins calorifères débarquent
« je connais gens de toutes sortes… »

mercredi, janvier 25, 2006


Acte II Délices et plissures

Scène 1 Gens que d’autres font voir



« automne »


… les autres

que l’on dessine avec envie
pour faire des plis sous nos caresses
« dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne »

les autres, ces nuages

que l’on délivre dans l’ivresse
pour lire des fleurs dans leur jardin
« et s’en allant là-bas le paysan chantonne
une chanson d’amour et d’infidélité »

les autres, aux visages

que l’on déchire par détresse
pour faire des pleurs de nos destins
« qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise
oh ! l’automne l’automne a fait mourir l’été »

ces autres, nos mirages…

mardi, janvier 24, 2006




Mon bel eros,

Quel dommage de bégayer nos passés, nos maldonnes d’aiguillages, tous ces malentendus, tous ces enfanculages, ces tristes épousailles, ces effondres rencontres où nous avons sombré

Erreur ! car, tapi dans la pénombre, thanatos veille – espérant nos écroules, nos extinctions de rêve – réjouit, cannibale – il attend que nos chants deviennent inaudibles

Thanatos guette, ma douce eros ! quand ferons-nous le deuil de nos mortes années ?

lundi, janvier 23, 2006




allegretto ma non troppo


tu es la muse qui m’abuse
buse qui de mon « je » s’amuse

Moi – roitelet des cons – j’t’accuse :
« tes beaux sourires ne sont que des ruses »

Un chasseur entre dans la forêt
Ne voit la muse m’abuser

Ni cette buse m’amuser
Donc chasseur tue le roitelet

Un corbillard mettra en terre
Mon corps de roi si délétère

Et muse fera de son cœur-pierre
Le reposoir d’un triste enfer

dimanche, janvier 22, 2006



scène 4 : les vies en parallèle



En ce monde incertain où les envies se fanent suite à consommation, où l’amour consumé s’évade en d’autres mondes, restent deux choses l’une :
« se parfumer le nez pour sentir d’autres bouches
ou crever gueule ouverte à respirer les autres ».

samedi, janvier 21, 2006



la donna misteriosa


elle avait deux yeux, des seins, une bouche était là – dessiné de traits rouges – qui contemplait un cou

du bout de chaque bras une main s’étendait, finie de quelques ongles ; son buste était posé sur des hanches et des cuisses

le tout appartenait à cette espèce étrange des femmes que l’on aime




mon corps vers vous était tendu
le cœur à vos hanches perchu

turlututu
chapô pointu

mais nos deux âmes se sont rendues
à l’évidence amour perdu

turlututu
n’enparlonsplus

vendredi, janvier 20, 2006




je est île


le regard doux, les lèvres offertes
la joue posée sur mon genou
Elle espérait – lascive
que je ferais – amoureux, nu
de chaque geste – volupté

l’amour a parfois d’étrange lancinances que suscitent les corps

le regard flou, lèvres ballantes
les yeux chargés de peu de nous
Elle pensait – bien naïve
qu’elle pourrait me mettre à nu
sous mes gestes d’aridité

l’âme à parfois d’étranges évanescences que suggère l’ennui

le regard lourd, lèvres tombantes
la chair lassée des plis de nous
Elle attendait – moins vive
mais toujours à genoux
des restes de volupté

L’envie est une longue espérance que provoque le corps

mardi, janvier 17, 2006




faut presque rien pour faire son monde


y fô des lettres pour fair’ un mond’
et quelques phrases pour fair’ un livr’
deux trois crayons pour dessiner
les rares desseins à projeter

faut des raisins pour raisonner
et des bigott’ pour prillaisser
une ou deux tuiles pour fair’ un toit
de la paillasse pour se coucher

y fô des planches pour fair’ un lit
une couverture pour se chérir
pour y coucher nos deux navires
le nouveau monde de nos deux vies

fô presque rien
tu le vois bien
allez dis « oui »
à nos envies

dimanche, janvier 15, 2006




Toi vers crient tendent mes jouissances
Où se répandent mes indolences

Reçois le verbe
« aimer » (première personne du singulier)

du serf volant là, sur ta peau
qui, cerf voilant tous ses sanglots

ose enfin dire
tout ce qu’il panse
entre les cuisses et l’indécence

samedi, janvier 14, 2006





l’insecte idéal

je nage
vers toi

île
là-bas

alanguie

sur-faon
sur la vague illusion

qu’un jour
nos terres

s’épouseront





bruits de chambre et de salon

quelle est cette musique sur nos lèvres qui valse ?
est-ce le son du vent qui bruisse sur nos peaux
ou l’antre de nos souffles qui s’ouvre frémissante ?
de l’ergureuse envie découvrons-nous le seuil ?

pendant ce temps, madame et monsieur le maire…

pleins d’ombre du feu – éblouissant nos chairs –
des gestes de désir éclaboussent nos corps
voici nos voils drapés des vents de l’atlantide

pendant ce temps, madame et monsieur le maire s’apprêtent à recevoir le prêtre, une cousine éloignée et un vieux célibataire de leur connaissance …

nos plus profonds désirs expriment leurs mystères
et nos rires et nos larmes flottent entre les dunes
sur un flot de caresses et de fièvres nocturnes

pendant ce temps, un tire-bouchon accueille ses invités mâles dans le fumoir et leur fait goûter un vieil armagnac, alors que dans le salon madame le maire papote avec des chocolats, des fleurs et la potiche qui va avec …

nos effusions lointaines errent le long des draps
la musique déposée dans le creux de tes lèvres
donne du rouge de la lumière à nos chairs

pendant ce temps, madame et monsieur le maire raccompagnent leurs invités sur le pas de la porte. Il va nous falloir débarrasser le couvert, mon amour.

mercredi, janvier 11, 2006




scène 3 : les moments amoureux

complainte de l’amourou


toi quand tu mourriras
que ton corps partira
de mes cils à mes joues
des fleuves chuteroux

quand tu seras clamsouille
que me virent les mouilles
en figues desséchées
si jamais je mentai

j’aurois au fond de moi
les plus profonds émois
et j’irois par les champs
pleuvoir ma douce enfant

à crieroire le chagrin
de ces mornes matins
où seul en fond de draps
je m’ennuie fort de toi

mardi, janvier 10, 2006




scène 2 : l’instant poétique nécessaire à tout jeune homme


qui tient l’autre ? l’orage se prépare avec cette interminable chaleur qui aplatît les herbes, colle les poils à la peau, le ciel gris et percé de rayons lumineux, le clocher d’une église là-haut – tout traîne en silence

les murs de rouge se fardent, le chat fait ce qu’il veut (qui sait ce que fait un chat ?), le ruisseau attend l’orage et la vieille pense à avant, à jean qui comparait ses seins aux collines d’en face

à son fada, le fils parti sur le chemin étroit

qui reviendra un jour – l’enfant ruisseau, l’enfant de jean, mais qui sait ce que veut un enfant ?

lundi, janvier 09, 2006



train

j’ai parlé

aux paquebots de leurs voyages, aux ciels de leurs nuages, aux déserts des mirages, aux arbres-fleurs de leurs feuillages, aux hommes des anges, aux vaches multicolores, aux lutins des rivières, aux montagnes à l’envers, aux babouins du pôle sud, à la lune qui se cache

la nuit gentille,

distrait mon voyage

dimanche, janvier 08, 2006



rêves

tuiles posées sur mon âme
pour me protéger des orages
de peurs, de la folie

je vous adresse l’hommage
des lunes et des contes
des nuits de mon enfance

samedi, janvier 07, 2006


ces êtres qui nous naissent
l’os des pères
l’antre des mères

ces corps qui nous font chair
nous poussent sur la terre

font que d’un embryon
fœtus devenons

pour cacher sous la terre
l’île de tous nos mystères

nulle part, rien n’opère
pour nos mères solitaires qui peu à peu s’enterrent
et nos envies de pères qui à jamais nous blessent

nous sommes l’un et l’autre
les blessures qu’on leur fait
les regrets qu’ils nous laissent

car nos mères solitaires qui peu à peu s’enterrent
ou nos envies de pères qui à jamais nous blessent

nous donnent l’un et l’autre
notre acte de naissance
les raisons d’en finir

mais nos vies nous blessent encore après que l’on soit mort
et nos mères solitaires et nos envies de pères

vendredi, janvier 06, 2006




doutes et assertions quant à la conception
c’éra una volta, un être pendu à la chair de sa mère grâce aux fibres de sa liane ombilicale – pris au mond’, déjà là, car un geste testiculaire a jeté des ogives de sperm’ à l’intérieur du château
mis en ovulation, l’enfant-enfanculé se demande pourquoi
il lui faut pourtant naître, manque de chance, masque de glace – il devient vie – affaire à suivre
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one’s upon a time, une amante frigide, un avocat vénal, une ancienne quelqu’une et le plus poisseux des parieurs. Ils procréent.
Désolant ! foutre son foutre dans un con et ainsi mettre au monde, comme manger, digérer, déféquer, est chose facile pour trop de gens
Faudrait K’sa change
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« le hasard nous a projeté contre les rives de l’existence et nous nous obstinons, rameurs infatigables en nos périssoires d’infortune, à endiguer les flots qui entrent par la coque »
ce graffiti, lu sur les murs des toilettes d’une station-service de l’autoroute sept, hante mon esprit jusqu’à en perturber le bon usage
parfois, nous sommes les objets de rencontres évitables. Il était une fois,…
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quand à la faim des premières becquées, je n’en dis rien… je ne les ai pas encore digérées




acte I:
les confessions d’un sperm’ après l’ovulation

scène 1 : du château de mon père d'ogives à la gloire de ma chair mother
…du père
du fils
et de la chair-mother

ne sommes-nous que cela ?

elle : n’est-elle que ça
l’être engloutie par l’os mou
qui visite l’endroit
d’où quelques eaux jaunâtres
tous les matins déchoient
lui : n’est-il que ça
jurant crachant virevoltant
se répandant de plaisir
à croupetons
pour ne pas me voir grandir
moi : ne suis-je que ça
fruit d’Ovul’ et de grand Sperm’ enfoui
sorti sans un seul bruit de leurs vagues étreintes
qui craillasse aujourd’hui
pour gêner leur sommeil
au nom du pire
du fils
et de la mère

vivent
trois continents

jeudi, janvier 05, 2006



Entre le sperm’ qui nous fit
Et
La poussier’
Que nous serons

Nous errons



et larirette
ou lariron



oui, nous errons
ageancant
notre vie
comme
une…


"Qui trace avec les doigts les bords de son chemin, ne fait pas du sentier la paume de sa main"


dédicace

à la femme péridurale